Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

Philippe Val, ex-Charlie Hebdo, rejoint l’aile droite du Front national

 

 

 

 

Il y a une chose qu’on ne peut pas reprocher à Philippe Val, c’est d’avoir été de gauche. La vraie gauche, celle du Larzac, de Mai 68, de la libération sexuelle, de l’anticonformisme, de l’antimilitarisme, de l’anticléricalisme, et de tous leurs rejetons idéologiques. Dans les années 70, le comique met le catéchisme d’extrême gauche en chansons, et brûle les planches des cafés-théâtres avec son complice Patrick Font.

Un demi-siècle plus tard, Val ne connaît plus Font, passé par la case prison (pour pédophilie), avec qui il a fait les 400 coups, et il revient à l’occasion de la sortie de son livre C’était Charlie chez Grasset (la maison d’édition de BHL) dans l’émission Des Paroles et des actes, pour parler de l’islam, et enterrer son logiciel de gauche.

 

Que peut-on encore dire sur Val, lui a toujours affiché ses goûts en public (à part en matière sexuelle), dans des éditos hebdomadaires poussifs, et de multiples invitations télé ?
Eh bien que le bonhomme est passé de la gauche à la droite, de la gauche la plus intransigeante à la droite la plus extrême. On savait déjà, dans les années 2000, qu’il avait aiguillé Charlie, ce journal d’inspiration anarchiste, vers des rails néo-conservateurs (pro-américain, pro-OTAN, islamophobe, anti-FN, mondialiste), et qu’il avait sauté du train en 2009 avant qu’il ne déraille complètement, lors d’un attentat en janvier 2015. Comme s’il avait senti que ça ne sentait pas bon.
Avant le drame, les nez creux de la rédaction, dits les anti-Val, auront été virés ou seront partis d’eux-mêmes, ce qui leur sauva probablement la vie. On verra alors l’ambitieux pédant à l’université d’été du MEDEF, en bon patron capitaliste – mais sans le cigare et la bedaine (c’est de droite) –, qui partageait (c’est de gauche) avec ses coactionnaires les centaines de milliers d’euros générés par les caricatures de Mahomet. Une bonne affaire, mais à risques. Comme tous les braquages.

On ne sera donc qu’à moitié étonné du discours de ce revenant dans l’émission Des paroles et des actes sur France 2 le 16 novembre 2015, un revenant très fantomatique depuis l’après-Charlie (l’après 7 janvier). Beaucoup de sympathisants du journal lui en voulant d’avoir transformé ce canard en marchepied vers le pouvoir. Val, placé par le couple Sarkozy, ne fera pas aussi long feu sur France Inter : il sera débarqué en 2014, laissant derrière lui une autre traînée de mauvaise poudre.

« Les causes sociales, c’est bidon, faut arrêter avec ça ! La culture de l’excuse, c’est terminé ! Mais le monde prouve tous les jours le contraire. Et on voit bien que le milieu dont sortent certains terroristes sont des milieux très différents les uns des autres et il faut arrêter avec ça, on est face à un problème politique, et théologique, un problème religieux, depuis le début des années 80 il y a un partie de l’islam qui ne cesse de se radicaliser. »

Un discours néofasciste, carrément. Si le Val donneur de leçons des années Charlie (1992-2009) avait dû commenter ça, il aurait traité le Val 2015 de gros con, de salopard, et de fasciste. Toujours élégant dans le lyrisme, reliquat probable de ses chansons de cul pour tous les âges. Sauf que là, Val est devenu son propre épouvantail. C’est le lot de tous les opportunistes. Qui possèdent cette faculté que d’autres n’ont pas, de laisser la cohérence et l’honnêteté intellectuelle aux imbéciles.
Cependant, le paradoxe n’est que de façade : au fond, Val a toujours été un gros facho, dans le vrai sens du terme : croyant détenir la vérité, insultant et rabaissant ses adversaires politiques ou idéologiques, utilisant des tribunes montées par d’autres pour son propre avancement, sans aucun égard pour ses troupes. Il aura sauté du train Charlie en marche, dont il aura poussé la loco à fond, dans un esprit « après moi le déluge ». Cavanna, qui a été manipulé pour la reprise du titre, selon Denis Robert, avait remarquablement résumé le capitalisme avec sa phrase « socialiser les pertes, privatiser les bénéfices ». Philippe Val n’aura pas oublié la leçon...

 

 

Dans C’est dur d’être aimé par des cons, le film à la gloire du Charlie islamophobe, sorti en 2009, qui valut à une partie de l’équipe de monter les marches à Cannes, Val évoque le soutien de Nicolas Sarkozy, qui deviendra bientôt président de la République :« Le temps de cette bataille, nous serons alliés. Après, on verra. » Et quand un journaliste lui demandera s’il ne souffle pas sur des braises, le directeur de la rédaction rétorquera :

« Souffler sur les braises. Quelles braises ? Quelles braises ? C’est quoi les braises ? Les braises, c’est les ruines du World Trade Center, les braises. Les braises, c’est les ruines de la gare de Madrid. Les braises, c’est celles des attentats de Londres, c’est ça les braises, ça veut dire qu’on a peur et sous prétexte qu’on a peur on n’a pas le droit de se foutre de la gueule de ceux qui nous font peur ? Non mais attendez qu’est-ce que c’est que cette histoire, c’est insupportable, les braises, c’est comme si nous qui étions responsables de ceux qui nous terrorisent ? »

Lors du procès gagné par Charlie contre les représentants de la Grande Mosquée de Paris et de l’UOIF (l’Union des organisations islamiques de France), qui estimaient les musulmans diffamés à travers les caricatures du Prophète, c’est le gotha médiatico-politico-mondain qui défilera pour soutenir Val et son équipe : Lanzmann, Sarkozy, Badinter, Bruckner, Voynet, Lepage, ainsi que SOS Racisme, la LICRA, le Grand Orient de France et le SNJ (Syndicat national des journalistes)…

Aujourd’hui, on comprend mieux la dérive personnelle d’un Val. Si tout le monde a le droit de changer d’avis, et de défendre des avis successifs, voire totalement opposés, on remarque que le parcours de ce pseudo-moraliste est un chemin de croix : Font ne s’en est pas remis, Charlie non plus. Quant à France Inter, ils l’ont écarté avant le drame. C’est vrai que le navire amiral de Radio France a déjà son Val maison : Patrick Cohen.

 

Voici un extrait de C’était Charlie, diffusé dans Le Point du 4 novembre 2015 :

« Dans les années 80, un petit laboratoire clandestin laissait échapper la fumée de sa cabane du Quartier latin. On les appelait les rouges-bruns. Le rouge-brunisme, c’est la maladie d’Alzheimer de la gauche. À l’époque, ils étaient encore confinés. Certains grattaient à L’Idiot international, d’autres dans d’obscures revues révisionnistes, d’autres encore écrivaient des polars. Charlie était un rempart contre cette pathologie intellectuelle. Hélas, on était bien seuls. À part Didier Daeninckx et quelques rares vigies, personne ne voyait le danger. Ces rouges-bruns ont largement contribué à populariser cet « antisionisme » que Jankélévitch dénonçait déjà en 1978 : “L’antisionisme est la trouvaille miraculeuse, l’aubaine providentielle qui réconcilie la gauche anti-impérialiste et la droite antisémite ; l’antisionisme donne la permission d’être démocratiquement antisémite.”  »

 

Dans l’interview promotionnelle qu’il donne au même journal, Val ose une remarquable inversion accusatoire :

« La gauche antisioniste, anticapitaliste, cette gauche qui voit dans l’islam la religion des opprimés, est devenue majoritaire dans le milieu médiatico-intellectuel français. Pascal Boniface et Edgar Morin ont gagné. La gauche libérale, la mienne, est désormais minoritaire. »

Incontestablement, la voix de ses Maîtres.

 

 

Il y a 30 ans, le même homme chantait :

 

Philippe Val, devenu agent de l’Empire malgré lui, sur E&R :

 






Alerter

48 Commentaires

AVERTISSEMENT !

Eu égard au climat délétère actuel, nous ne validerons plus aucun commentaire ne respectant pas de manière stricte la charte E&R :

- Aucun message à caractère raciste ou contrevenant à la loi
- Aucun appel à la violence ou à la haine, ni d'insultes
- Commentaire rédigé en bon français et sans fautes d'orthographe

Quoi qu'il advienne, les modérateurs n'auront en aucune manière à justifier leurs décisions.

Tous les commentaires appartiennent à leurs auteurs respectifs et ne sauraient engager la responsabilité de l'association Egalité & Réconciliation ou ses représentants.

Suivre les commentaires sur cet article

Afficher les commentaires précédents
Afficher les commentaires précédents